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Enfance



Maxime Gorki








  • Poche: 375 pages
  • Editeur : Folio (25 juin 1976)
  • Collection : Folio classique
  • Langue : Français
  • Traduction (Russe) : G. Davydoff et P. Pauliat
  • ISBN-10: 2070368238
  • ISBN-13: 978-2070368235





L’enfance n’est pas toujours un rêve bleu, loin s’en faut. On aimerait pouvoir dire « autres temps, autres moeurs » et reléguer à des époques barbares révolues les brutalités commises au nom de l’éducation. Misère, alcool et bêtise créent un modèle éducatif basé sur l’utilisation alternative du ceinturon,dans un autre but que de prévenir la chute du pantalon. La violence règne au quotidien, envers les enfants, entre adultes, entre parents . 
Ainsi les souvenirs de l’écrivain devenu adulte sont teintés de malheur, la mort rode et lui ravit un père puis un frère, et menace la famille dont la précarité les expose autant à une fin violente qu’à la maladie, d’autant que l’alcool est au rendez-vous pour oublier l’âpreté du quotidien.

C’est pourtant dans cette ambiance de bas-fonds, du début du 20è siècle en Russie, que grandit le jeune Gorki. Dans une famille qui sombre peu à peu dans la misère, sans autre culture que la lecture des psaumes. L’enfant se construit en observant la désespérance de ses grands-parents, la cruauté et la cupidité de ses oncles, et l’instabilité de sa mère. Et pourtant il se construit. Certes la confrontation à l’extérieur ne se fait pas en douceur,  ce n’est pas l’école qui contribue à formater le garçon, et les premiers contacts sociaux avec ses pairs ne peuvent se créer qu’à coups de poing? . Mais il trouve des échappatoires, comme ce jardin, qu’il s’octroie et aménage, avec la complicité de son grand-père, et les contes de la grand-mère sont aussi un refuge pour l’imagination du gamin et un peu de douceur dans ce monde de brutes 

La résilience n’a été inventée que quelques décennies plus tard. Et l’auteur se pose la question : faut-il évoquer ces souvenirs amers? 
« En évoquant ces épisodes horribles qui reflètent si bien la sauvagerie des moeurs russes, je me demande par moments s’il faut en parler » 

Et la réponse est claire : 

 « Je suis sûr qu’il le faut, car cette affreuse réalité est encore vivace à l’heure actuelle, et il est indispensable de la connaître pour l’extirper de notre âme, pour la faire disparaître de notre vie, si pénible et honteuse » .

On comprend ainsi que ce récit, fondé sur des souvenirs, mais envisagé du point de vue de ce jeune enfant qui tente de comprendre les règles du jeu, dont les dés sont pipés. 
Plus encore, Maxime Gorki attribue des vertus constructives à ce vécu désastreux : 

« ce qui étonne chez nous, , ce n'est pas tant cette fange si grasse et si féconde, mais le fait qu’ à travers elle germe malgré tout quelque chose de clair, de sain et de créateur, quelque chose de généreux et de bon qui fait naître l' espérance invincible d’une vie plus belle et plus humaine. »

Ce n’est pas sa famille qu’il accuse et excuse à la fois, mais le peuple russe et son histoire : 
« Plus tard, j’ai compris que les Russes, dont la vie est morne et misérable, trouvent dans leurs chagrins une distraction »
« Dans la monotonie de la vie quotidienne, le malheur lui-même est une fête et l’incendie un divertissement. Sur un visage insignifiant, une égratignure est un ornement »


 Reste à savoir par quels coups de pouce du destin associée une volonté de puissance au sens nietzschéen de l’expression comment ce petit garçon maltraité est devenu l’immense écrivain que l’on sait. Il suffit de se plonger dans En gagnant mon pain.








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