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Mes mille et une nuits

Ruwen Ogien







  • Broché: 256 pages
  • Editeur : ALBIN MICHEL (2 janvier 2017)
  • Collection : SCIEN.HUMAINES
  • Langue : Français
  • ISBN-10: 2226395245
  • ISBN-13: 978-2226395245







Témoignage émouvant de ce parcours éprouvant et du combat qu’a mené Ruwen Ogien sur quelques années vécues au rythme des analyses et des traitements agressifs contre son cancer du pancréas.
C’est  l ‘occasion de réflexions à la fois intimes, personnelles  et professionnelles, philosophiques, sur la condition de malade dans notre monde occidental. Ce mélange des genres donne un ton presque confidentiel, éloigné d’un traité érudit sur le sujet. Il n’y a pas la rigueur et la méthode analytique cadrée des thèses , et cela renforce le sentiment de connivence avec le lecteur.

Dès l’entrée en matière, les questions affluent. Et l’un d’elle, fondamentale, et pourtant sans réponse : qu’est ce que ça veut dire « être malade »?

« Qu’est-ce que signifient ces mots « malade », « maladie »? Est-ce qu’on est malade quand on est alcoolique ou sourd-muet? Est-on « malade » quand on souffre d’une entorse à la cheville ou d’une piqûre d’abeille?
Et quand on est obèse ou chauve ou trisomique? »

A ces questions sans réponse, succède une diatribe contre le dolorisme. Ce qui ne nous tuerait pas nous rendrait plus fort. Les « avantages » liés à la souffrance, les bénéfices que peut occasionner la maladie :  foutaises, nous dit le philosophe. Et pourtant la formule nietzschéenne fait florès : on la trouve aussi bien au début de Conan le Barbare et à la fin des Bronzés 3,

 « ce qui n’est pas un label de qualité, mais une manifestation impressionnante de son pouvoir de pénétration dans tous ls esprits, même les moins versés dans la philosophie ».

Pour l’auteur,

 « la souffrance physique est un fait brut qui n’a aucun sens, qu’on peut expliquer par des causes, mais qu’on ne peut justifier par des raisons.

Ruwen Ogien traite aussi de la relation patient-soignant, de son enfer pavé de bonnes intentions. Du statut particulier  que confère la maladie, qui devient un filtre inéluctable à toute relation sociale, et qui génère des codes de communication particuliers, et des théories comportementales qui ne donnent pas beaucoup de marge dans le cheminement d’une maladie chronique. 
C’est d’autant plus compliqué que le statut de malade est en train de devenir une condition sociale, en particulier avec ces maladies de civilisation que sont le diabète ou l’hypertension, dont on ne guérira pas mais qui vont modifier le regard de la société sur la personne concernée.

La dernière partie est un journal, qui témoigne du caractère non linéaire du cheminement de ces mille et une nuits, au rythme des nouvelles plus ou moins rassurantes des résultats d’examen . 


Un beau testament 



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